Université Rennes 2 -Journée d'Étude - Vendredi 14 janvier 2011 : Provoquer la matière dans les arts a l’ère du virtuel
Le séminaire se déroulera en Amphi Musique, bât. O - 9h30. (Le Tambour)
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Séminaire pluridisciplinaire du master 2 Arts
Compréhension, incompréhension :
Du malentendu à la provocation
Journée d’étude du vendredi 14 Janvier 2011
Sous la responsabilité de Bruno Bossis, Joël Laurent et Pierre
Braun
Provoquer la matière dans les arts a l’ère du virtuel
Les notions liées à la matérialité ont suscitées de nombreux débats dans les arts
utilisant les technologies numériques La noblesse des matériaux reste un concept tout
relatif, de même que la virtualité tant mise en avant dans les discours autour de l’art
numérique.
Traditionnellement, le choix des caractéristiques des matériaux mis en œuvre est
parfois considéré comme un moyen d’expression à part entière. Il en résulte une prise
de conscience du pouvoir du trivial dans l’art. Ainsi, le matériau n’est plus seulement la
matière dans laquelle s’inscrit l’action créatrice ou un habillage postérieur à l’écriture, il
devient un vecteur essentiel de l’expression artistique. Les bruits de la vie sont entrés dans
la composition musicale, Supports/Surfaces a profondément marqué les arts visuels, l’art
de la performance et les arts de la rue se rapprochent de la vie quotidienne.
Le numérique va plus loin, en remettant en cause la présence même de la matière.
En introduisant le virtuel, il rend la matière dérangeante par son apparente absence.
À l’ère de la dématérialisation progressive de nos rapports avec la réalité, la doxa
considère les technologies numériques comme véhicule et promoteur principal de ce
mouvement. Parce que le réel ressurgit ici sous d’autres formes, nous proposons de
discuter dans le cadre de cette journée d’étude, d’une tendance inverse émergeant
dans les arts, dérangeante, dont les ressorts critiques sont ceux de l’expérimentation,
du frottement au réel et à la matière, du souci de rematérialisation du monde et dont les
technologies numériques peuvent paradoxalement aménager et entretenir un espace
critique.
Dans ce cadre pourront être convoqués un certain nombre d’œuvres concernés par
l’improvisation, le temps réel, les retours d’efforts, etc., mais également tout le travail qui
existe autour de la danse contemporaine, des chorégraphies performées, du cinéma
expérimental, qui permettent d’imaginer et d’éclairer les filiations et le potentiel subversif
de la matière lorsqu’on l’associe à l’imaginaire à l’ère du numérique.
9h30
Présentation de la journée
9h45
Historicité des images et « table des matières » : sur Tom, Tom, the
piper’s son (1969-1971) et Retour sur la scène du crime (2008) de
Ken Jacobs
Eric Thouvenel, (maître de conférences en études cinématographiques, Rennes 2)
Entre 1969 et 1971, Ken Jacobs réalise Tom, Tom, the piper’s son, « étude visuelle
» d’un court métrage de 1905 qui constitue une réflexion fondamentale sur la matière
des images cinématographiques. Quarante ans plus tard, avec Retour sur la scène
du crime, le cinéaste soumet son propre film au même traitement herméneutique, en
prenant acte des mutations provoquées par l’apparition des technologies numériques.
Cette communication tentera d’interroger ce qui advient à la matière dans cette histoire,
qui est aussi celle de la façon dont une époque perçoit la nature et la fonction des
représentations qu’elle se donne.
10h15
Réintroduire la matière dans l’espace de représentation
numérique : le cas limite de la Performance Capture dans Le Drôle
de Noël de Scrooge de Robert Zemeckis (2009)
Jean-Baptiste Massuet (doctorant en études cinématographiques, Rennes 2)
Depuis 2003, la Performance Capture, technique permettant la transposition d’une
prestation d’acteur dans un corps et un environnement numérique, ne cesse d’évoluer.
Dépassant le rendu polygonal et minimaliste des premières expériences en images
de synthèse, Le Drôle de Noël de Scrooge de Robert Zemeckis sorti en 2009
injecte en effet dans ses images de stupéfiants et dérangeants rendus de matière.
Cette communication cherchera à comprendre en quoi ce retour à la matière au
cœur d’un film de synthèse est le vecteur d’un malaise esthétique, puisqu’il rappelle
paradoxalement l’existence de notre monde réel, matériel et donc périssable, derrière
des figures de conte pour enfants, qui ne sont pourtant à la base que les simulacres
virtuels et édulcorés d’un monde imaginaire.
10h45 PAUSE
11h00
Livre papier et livre numérique : opposition et complémentarité
Anthony Rageul, (doctorant en Arts Plastiques, Rennes 2)
Dans la logique de « dématérialisation » du monde, le livre devient livre numérique.
Quelles relations entretiennent le livre papier et le livre numérique ? A travers des
exemples tirés de produits de consommation, de techniques et d’œuvres, nous
verrons d’abord comment cette « dématérialisation » creuse l’écart entre l’objet livre
et le livre numérique. Nous verrons ensuite comment ils peuvent être rapproché, soit
par simulation de l’un par l’autre, soit par utilisation conjointe et indissociables des
deux. Nous verrons ainsi comment les livres papier et numérique se questionnent, se
provoquent ou se complètent.
11h30 Discussion autour des trois interventions de la matinée
12h00 PAUSE DÉJEUNER
14h00
Jouer avec les machines et explorer les scènes virtuelles : un
théâtre de l’ère numérique ?
Brigitte Joinnault (maître de conférences en études théâtrales, Rennes 2)
Que devient l’humain dans un environnement technique instable et ultradéveloppé? Que
peut-on faire, théâtralement, des machines ? Y a-t-il dans les univers virtuels une raison
d’être pour le théâtre ? Telles sont les questions que nous aborderons en prenant appui
sur une expérience conduite par le metteur en scène Jean-François Peyret à partir de
Walden de Henry David Thoreau, les Excursions DEFICELONS, au Théâtre Paris-Villette
et au Studio du Fresnoy. Partant de quelques observations sur ces excursions, nous
tenterons de réfléchir à la manière dont des mises en jeu du rapport homme/machine
peuvent, et parfois de façon apparemment paradoxale, lancer des défis provocateurs
aux arts de la scène.
14h30
De la modélisation à la saturation : frottement, rugosité et souci de
rematérialisation du sonore
Luc Larmor (professeur titulaire d’enseignement artistique, spécialité arts plastiques,
discipline espaces sonores et musicaux, école des Beaux-Arts de Rennes)
En dehors de toute considération liée à une notion (encore forte) d’objet, et en se
situant en marge des stratégies usuelles de la perception, il est possible d’amener les
technologies numériques à provoquer une matière sonore affranchie des schémas
formels en vigueur. Et ceci non plus pour parcourir des états stables infiniment
«transposables », mais pour envisager des zones de déséquilibres, des interstices, des
non-lieux musicaux où la logique devient chaotique, la perception une mise en danger,
compression de l’énergie, distorsion du temps, excès de révélation, de rugosités.
15h00 PAUSE
15h15
Empreinte et installation : de l’abstraction vers la matière, de
l’inertie vers le mouvement
Guillaume Brunet, Master 2 Arts et Technologies Numériques, Université Rennes 2
J’aimerais partager une étude en cours impliquant la notion d’empreinte dans les
installations artistiques usant d’objets concrets. L’idée est de comprendre comment un
message informatique altéré peut engendrer une forme sensible, à la fois plastique et
sonore. Tenter de montrer les interrelations possibles entre le monde abstrait et son
contraire à travers un processus technologique approprié. L’empreinte est à même de
soutenir cette démarche, car elle fait intervenir l’immatériel pour traiter le réel.
15h45 Discussion et clôture de la journée
(EA 3208) Arts : pratiques et poétiques
Contacts :
Bruno Bossis : bruno.bossis@univ-rennes2.fr
Pierre Braun : pierre.braun@uhb.fr
Joël Laurent : joel.laurent@uhb.fr